Si les troubles du sommeil peuvent toucher tout le monde, la catégorie des seniors y est particulièrement exposée. On constate en effet, chez beaucoup de personnes âgées, un sommeil détérioré, avec un risque de SAHOS augmenté…
Contrairement à quelques idées reçues, le besoin en sommeil ne diminue que peu avec l’âge : on l’estime à environ à 8h chez un jeune adulte en pleine santé contre 7h chez une personne de 70 ans. Mais au fil des années, la structure interne du sommeil se modifie, occasionnant des effets délétères sur la qualité du sommeil.
On observe alors un sommeil fragmenté ponctué de réveils nocturnes, un délai d’endormissement allongé (45 minutes en moyenne contre 30 chez le jeune adulte), ainsi qu’une réduction du temps de sommeil profond et donc de récupération.
Cette désynchronisation du rythme circadien (encore accentuée par la fatigue accumulée), associée au relâchement musculaire et aux bouleversements hormonaux dus à l’âge, aggrave les troubles du sommeil, dont le SAHOS.
Dr Cherifa Onifade : « L’apnée du sommeil est une maladie fréquente chez la personne âgée, malheureusement très peu diagnostiquée. C’est, après les causes médicamenteuses, l’une des causes les plus fréquentes d’insomnie car le syndrome d’apnée favorise plusieurs réveils nocturnes.
Sa prévalence varie entre 20 et 40% selon les études, voire jusqu’à 62 % pour certaines !
Ces chiffres sont bien plus élevés que pour le reste de la population, puisqu’elle est de 8% chez l’adulte jeune. »
« Il existe d’abord un facteur mécanique pouvant expliquer l’augmentation de la prévalence du SAHOS chez ces personnes : c’est principalement l’hypotonie des voies aériennes pharyngées. Viennent également la diminution du sommeil profond en faveur du sommeil léger chez la personne âgée, ainsi que le vieillissement physiologique avec atteinte des tissus conjonctifs et musculaires et la baisse de sensibilité des capteurs pharyngés.
Les conséquences sont alors multiples. La plus importante est évidemment d’ordre cardiovasculaire avec une hypertension artérielle et des complications cardiaques comme les troubles du rythme cardiaque et la fibrillation auriculaire.
D’autres conséquences plus spécifiques sont les troubles de l’équilibre et les chutes, les confusions nocturnes, les troubles cognitifs aggravés, la dépression et la perte d’autonomie. Le syndrome d’apnée du sommeil central est quant à lui principalement retrouvé chez des personnes ayant présenté des accidents vasculaires cérébraux ou des infarctus. »
« Concernant les traitements couramment mis en place, la pression positive continue reste la référence, bien qu’elle nécessite alors une approche plus soutenue, un accompagnement plus important et un suivi plus régulier. L’âge ne doit surtout pas être un motif de renoncement au bilan et au traitement qui restent grandement bénéfiques, même pour des patients présentant une démence légère ou modérée. Il est cependant capital que le patient et son entourage comprennent bien la maladie pour mieux accepter le traitement…
Dans certains cas, et après un bilan odontologique complet, on peut aussi mettre en place une orthèse d’avancée mandibulaire. L’oxygénothérapie constitue enfin un traitement de dernière intention, avec une gazométrie de contrôle.
L’étude Sages a montré une nette amélioration de la somnolence (Epworth, ODSI), de la cognition (MMSE) et de la qualité de vie (SF36) chez le sujet âgé traité par pression positive continue pour un syndrome d’apnée du sommeil. Elle a également montré des profils sociodémographiques et médicaux significativement différents entre patients âgés observants et patients plus jeunes. Les facteurs liés à la mauvaise observance sont souvent la polymédication, les troubles cognitifs, la dépression et un manque de conseils thérapeutiques. »
« Pour établir le diagnostic, la polysomnographie est toujours l’examen de référence. Le problème, c’est que ces patients sont souvent difficiles à convaincre ! L’entourage et certains médecins traitants peuvent également être limitants.
À Bordeaux, nous avons créé l’association IP2AS, pour Interdisciplinarité Personnes Adultes Âgées Sommeil, afin de sensibiliser le personnel médical et paramédical travaillant auprès des personnes âgées aux diverses pathologies du sommeil. Des sessions de formations et d’informations ont été organisées auprès des Ehpad de la région, avec la collaboration de gériatres, de neurogériatres, de cadres et d’infirmier(e)s d’Ehpad. Car il est plus qu’essentiel d’améliorer de la qualité de vie de nos aînés et de trouver des solutions au problème de santé majeur qu’est la dépendance… »
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